Demain est déjà aujourd’hui
Voilà une rentrée bien violente pour tous les salariés de France... Les ordonnances émises par le gouvernement donnent le ton, et changent radicalement, dès maintenant, les rapports dans les entreprises entre les salariés et l’employeur, ainsi qu’avec les IRP : élus CE, élus DP, CHSCT). L'ambition de faire de la France la 1ère puissance européenne va donc passer par des réductions massives des droits et protections des salariés afin de permettre aux entreprises, libérées des « contraintes », de s'adapter et de changer de stratégie dans un minimum de temps : c’est la libéralisation de la flexibilité. Malheureusement, ce type de flexibilité ne rime pas avec sécurité...mais avec précarité.
Quelques exemples :
- "CDI de chantier" ou "de mission": rupture du contrat de travail prévu dés sa signature car il s'arrête au terme de la mission pour laquelle le salarié a été engagé. Possibilité de passer d’une « mission » à une autre sans identification précise du poste occupé. Possibilité d’activer une mobilité nationale ou internationale n’importe quand.
possibilité de licencier sans motif.
plafonnement des indemnités prudhommales en cas de licenciement abusif : entre autres, indemnités plafonnées à trois mois quelle que soit l’ancienneté.
rupture conventionnelle collective : cette rupture prive les salariés de mesures compensatrices comme le suivi intensif pour le retour à l'emploi ou encore les reclassements, voire des mesures d’indemnités supra-conventionnelles.
fusion des Instances Représentatives du Personnel (IRP) en une instance unique : pas de précisions à ce jour sur son fonctionnement, le nombre d'élus ou ses prérogatives... Cela veut en tous cas dire, à moins d’une négociation efficace et puissante portée par vos syndicats, que le Chsct, le CE, ainsi que les délégués du personnel locaux disparaissent. Cette instance « unique » pourra devenir, s’il n’y a pas de combat syndical affirmé de la part de vos représentants, centralisée et faire disparaître tout relais local.
Cela semble assez surréaliste non ? Scénario d’une série Z qui laisse un peu perplexe par son côté si peu crédible. Et pourtant c’est la réalité.
Vous l'avez compris, les rapports se déplacent et un glissement sans précédent est en train de se produire.
Il va devenir de plus en plus difficile de faire valoir la plus-value que nous apportons à l'entreprise et à nos clients face à des données strictement quantitatives. Or nous ne sommes pas une simple variable d'ajustement dans un tableur ! Nous sommes la force et l'identité de l'entreprise.
Et cette force ne peut se manifester que sur un fondement collectif, d'autant que vos instances représentatives du personnel vont peut-être voir leurs capacités d'actions réduites.
Aussi, pour faire obstacle au développement de la précarité annoncée, et construire ce fondement collectif, nous proposons de réagir à la mesure de l'enjeu et de se mobiliser pour :
- construire ensemble un contre pouvoir car seule une mobilisation de tous les salariés sera entendue : être solidaires d’un(e) collègue en souffrance et le faire savoir ; être unis dans la contestation lors de décisions impactant durement nos conditions de travail et affectant notre santé et notre équilibre vie professionnelle/vie privée…
- présenter une liste de revendications incontournables basées sur une demande de consolidation des minimas sociaux : non-discrimination des femmes, salaires, temps de travail, rémunération des heures supplémentaires...
- développer les compétences : en formant profondément les salariés au lieu d'accélérer leur productivité et d'augmenter la sous-traitance et l'externalisation, et ainsi nous déposséder de notre savoir-faire et réduire les ressources internes de l’entreprise.
A la Cgt Solocal, nous œuvrons depuis toujours sur le court, moyen et long terme au travers de défenses individuelles, collectives et sur la construction, ensemble, d’un projet économique pérenne.
Et nous continuerons de le faire, avec vous, quelles que soient les difficultés d’exercer nos missions.
A la cadence où vont les transformations, demain est déjà aujourd’hui.
Pensez-y. Nous allons en reparler, ensemble, très bientôt.